Memoire "positive" ?

Publié le par DAI

Contre les soumissions de la pensée

 

L'Etat ne souhaitait qu'exprimer sa reconnaisance pour "l'oeuvre accomplie" et donner enfin "la place qu'elle mérite" à la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord" (1). Où ? Dans les programmes de recherche universitaire, tout d'abord, sachant qu'il faut parfois savoir montrer la bonne direction à la recherche qui ne sait pas toujours et quoi chercher. L'Assemblée nationale et le Sénat adoptèrent alors la loi qui consacrerait tant d'évidences partagées. Et les programmes scolaires ? Ils reconnaîtraient "en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord" (2)

Pour autant, faudrait-il en venir à penser que ce volontarisme héroïque de l'UMP et l'attitude consensuelle du PS "co-adoptant" - qui depuis a reconnu un "manque de vigilance" - ont pu trahir quelque calcul électoraliste des uns ; quelque volonté d'envoyer un signal (fort) ; quelque pression (...d'anciens colons, simplement du fait qu'ils sont toujours, aujourd'hui, nombreux et influents) ?

Des chercheurs de bien mauvaise composition n'ont pas tardé, le 25 mars dernier, à lancer une pétition contre une "histoire officielle". Phénomène de contagion : les enseignants leur ont bientôt emboîté le pas en se proposant - les effrontés - de continuer à utiliser les travaux des historiens contre une histoire "officielle et révisionniste". La Ligue des Droits de l'Homme a également lancé une pétition.

Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux Anciens combattants, ne comprend pas : "Je ne vois vraiment pas au nom de quoi les représentants de la nation ne pourraient pas s’exprimer sur ces sujets qui devraient être réservés à des spécialistes plus ou moins autoproclamés.", nous dit-il dans une tribune du Monde du 8 mai 2005. Mais que peut bien vouloir dire "s'exprimer" ? Donner son avis, ou produire une injonction, un impératif, lorsqu'on est le "législateur qui légifère" ?

De quoi parle-t-on, d'ailleurs ? De l'aspect positif du fait colonial dans son ensemble, ou d'avancées de fait (en termes d'infrastructures ; sanitaires) au sein d'un projet civilisationnel raciste et exterminateur ? Autre temps, autre Histoire, mais Hitler n'avait-il pas contribué à relancer l'économie de son pays...?

Une "cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme" au regard du colonialisme, "un des plus grands crimes contre l’humanité que l’histoire a connus" : Abdelaziz Bouteflika "s'exprime" en ces mots le 29 juin 2005. On ne voit d'ailleurs pas en quoi, monsieur le ministre Hamlaoui Mekachera, il ne pourrait légitimement s'exprimer sur ce sujet.

Mais que fait l'UMP ?

"L'immense majorité du groupe UMP", selon son président, Bernard Accoyer, n'entend pas revenir sur le texte voté au Parlement. "Changer notre position n'est pas justifié, analyse M. Accoyer, même si nous considérons qu'écrire l'histoire par la loi est une ineptie. Mais si l'on revient sur ce point, alors il faut revenir sur tout ce qui, dans la loi, a trait à l'histoire, que ce soit la condamnation de l'esclavage ou la reconnaissance du génocide arménien." (3)

Cette idée de "rôle positif" devient donc, par la force des choses, inamovible, car il faut éviter le risque de devoir demain ne plus condamner l'esclavage ou de ne plus reconnaître le génocide arménien... 

... Merci, Monsieur Accoyer, pour cette présence d'esprit salutaire.

 © GC 2005

(1) Article 1er de la loi n° 2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.

(2) ibid, article 4

(3) cité par Roger, Patrick, in Le Monde, 30/11/2005

 


Publié dans Mémoire

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G
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